Des carrières par centaine autour des tumulus
Un programme de prospections géomagnétiques extensives
Afin de dater la construction de ces monuments, sans en engager la fouille directe, un programme de prospection géophysique a été engagé dès 2015 dans les champs situés en périphérie des tumulus pour rechercher des structures associées, tels des monuments arasés, des carrières, des fossés ou encore des foyers, susceptibles d’être sondées et datées.
Pour la première fois à cette échelle, la périphérie de l’ensemble des monuments de la nécropole de Tusson, et plus largement de celles de la majorité des mégalithes du Ruffécois, ont fait l’objet de prospections menées par l’université de la Rochelle (Vivien Mathé) puis dans le cadre d’un partenariat avec Friedrich Lüth du DAI. Ces prospections ont couvert une superficie de près de 1800 ha au total, entre 2017 et 2021. Elles ont révélé une densité de structures insoupçonnée au voisinage de tous les tumulus de la nécropole de Tusson.
Des centaines de fosses circulaires, d’un diamètre d’environ 3 m pour la plupart, mais également des segments plus linéaires d’une dizaine de mètres de long, ont été détectés autour du Petit et du Gros Dognon. Au sud de ce dernier monument, ces structures se prolongent jusqu’au nord du Vieux Breuil. À l’ouest du Vieux Breuil, une large anomalie magnétique borde le monument et un chapelet de petites fosses entoure le tumulus du Magnou. À cela s’ajoute des centaines de fosses et tronçons de fossés, isolés ou non, une dizaine d’enclos fossoyés, des vestiges d’empierrements allongés, des chemins ou encore des fossés de parcellaire, témoignant de l’occupation humaine de ce territoire sur plusieurs millénaires.
Sonder les carrières pour dater la construction des monuments
La relation spatiale évidente entre la majorité des fosses circulaires détectées et les tumulus de Tusson a encouragé la mise en œuvre de sondages en périphérie des tumulus du Petit et du Gros Dognon, en 2017 et 2018, puis à l’est du tumulus du Magnou, en 2019.
Les sondages pratiqués dans les 16 fosses sélectionnées ont permis d’attester qu’il s’agit de carrières néolithiques creusées sous formes de puits sub-circulaires, coalescents ou non, dont les comblements ont été quasi systématiquement recreusés dans un second temps pour y implanter des poteaux.
La numérisation systématique par photogrammétrie 3D des structures, au sol et par drone, a permis de calculer les volumes extraits qui sont parfois très faibles pour certaines fosses dont le creusement a été rapidement interrompu faute de matériaux exploitables pour la construction des cairns.
Pour l’extraction du petit appareil calcaire, ces carrières ont été systématiquement ouvertes par un premier creusement de forme circulaire, ce dernier évoluant ou non par accrétion d’autres creusements circulaires.
Dans quasi toutes les carrières explorées, un ou plusieurs bois de cerf ont été recueillis à la base du comblement. Au total, quinze de ces bois de cerf et un os de boviné ont été datés par le radiocarbone et offrent une opportunité unique et fiable de dater le moment d’exploitation de ces carrières et donc indirectement l’une des étapes de construction de ces « géants » néolithiques. Les résultats obtenus attestent du fonctionnement des carrières probablement dès 4600 avant notre ère, avec une exploitation intense dans l’intervalle 4355-4050 av. J.-C.
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