Un projet de mise en valeur d’envergure
Contexte de l’intervention
Dans le cadre du projet de mise en valeur de la nécropole de Tusson par un circuit de découverte, il a été décidé de proposer une vision actualisée de l’architecture interne du Petit Dognon. Ce monument a en effet été éventré dans le courant du XIXe siècle par le creusement d’un chemin de charrette de plus de 4 m de large par un agriculteur intrigué par cette butte ou tout simplement agacé de devoir contourner la motte pour accéder à son champ.
Cette tranchée sauvage a constitué une opportunité pour approfondir la connaissance du tumulus. En 2019, face à la dégradation des parois de la coupe, avec l’érosion de la masse tumulaire et le risque de chute de plusieurs arbres implantés sur le bord, il est décidé de procéder à l’étude de la coupe puis de consolider et de valoriser le tumulus. Cette étude a été réalisée par Philippe Gouézin en 2020 dans le cadre du projet collectif de recherche dirigé par Vincent Ard.
En parallèle, la CRMH recrute Marie-Pierre Niguès, architecte du patrimoine, pour la réalisation d’une étude de diagnostic et la maîtrise d’œuvre des travaux.
Un comité de pilotage composé de la mairie de Tusson, de la communauté de communes Cœur de Charente, du PETR du Ruffécois, de la DRAC, de la maîtrise d’œuvre et de Philippe Gouézin est mobilisé tout au long du projet, dans la continuité des réalisations précédentes sur le territoire.
Une opération archéologique originale
Plutôt que de laisser se dégrader les structures internes de ce tumulus, éventré depuis plus d’un siècle, une étude archéologique des éléments architecturaux encore en place dans les coupes de la tranchée ancienne a été menée en 2020. Cette approche n’avait bien entendu pas pour ambition de proposer une compréhension globale de l’histoire du monument, dont la complexité architecturale n’est abordable que par une fouille exhaustive, mais d’apporter des éléments susceptibles de mieux comprendre et de valoriser ce site. De précieuses informations architecturales ont ainsi été recueillies dans les coupes de la tranchée par une double lecture, à la fois verticale des deux parois et horizontale des structures internes qui les relies à la base de l’excavation. Cette mise en lumière de la structuration interne du tumulus est une entrée en matière originale et pédagogique du projet architectural des bâtisseurs néolithiques.
Lors de la réalisation des travaux de restauration, une seconde opération archéologique a été menée sur le site. Conformément au Code du Patrimoine, cette deuxième intervention, prescrite par le SRA, s’inscrivait dans le cadre de l’archéologie préventive confié à un opérateur archéologique habilité, à savoir l’INRAP. Le suivi archéologique avait pour but de compléter des éléments de compréhension sur l’architecture du tumulus susceptibles d’être détruits ou masqués par le projet de restauration.
Historique de l’intervention
L’étude de diagnostic remise en juillet 2021 met en évidence une maçonnerie de moellons calcaire à vif et gélifs. Le ruissellement des eaux de pluie et les infiltrations profondes ont créé de micro-éboulis qui sapent la structure, ce qui est accentué par la végétation intrusive qui a pris racine dans les parois.
Au vu du temps nécessaire pour l’élaboration et la réalisation d’un projet de restauration, il a été décidé la mise en place d’une protection provisoire, principalement pour permettre la gestion des eaux pluviales. Cela a nécessité en 2021 la pose d’un géotextile sur le sol, recouvert de sable pour le maintenir et gérer la pente d’évacuation des eaux. Par-dessus a été posée une bâche imperméable et au centre un drain routier à fond plat qui guide les eaux dans le fossé existant. L’opération coûte 36 633 € TTC et est réalisée par l’entreprise Hory-Chauvelin.
Le permis de construire pour la restauration est approuvé en 2022 et les travaux commencent en novembre 2023. Les entreprises recrutées sont :
– maçonnerie/pierre de taille : Dagand Atlantique
– serrurerie : Forge Déco Ouest
– sculpture : Atelier Marc Deligny.
– suivi archéologique : INRAP
Philippe Gouézin rejoint l’équipe de maîtrise d’œuvre.
La première étape des travaux est constituée de la purge, la plus limitée possible, des pierres fragilisées et qui menacent de tomber. La structure est consolidée par l’insertion de plaquettes calcaires là où elles sont manquantes. Les parois en pierres sèches retrouvent leur cohérence.
Les arbres sont ensuite dessouchés. Pour éviter toute mésinterprétation ultérieure, les cavités formées par l’ablation des souches sont remplies de schiste, distinct du calcaire par sa couleur foncée.
Pour protéger les élévations de la coupe, une copie des murs et du sol est réalisée en avant des parois originelles, un peu comme un paravent. Il s’agit de constituer une couche sacrificielle qui mime les élévations archéologiques en reprenant les formes, les matériaux et les procédés constructifs. Elle est isolée du substrat archéologique par un géotextile et une égalisation de sable.
Enfin, une passerelle est installée au centre de la tranchée afin que les visiteurs puissent s’approcher du monument sans pour autant marcher sur la couche sacrificielle.
Le bilan financier est le suivant :
– travaux : 312 000,00 € TTC
– intervention de l’INRAP : 53 102 € TTC
– honoraires de maîtrise d’œuvre : 45 115 € TTC
Aucun équipement lié à cette rubrique
Aucun lien associé à cette rubrique
Aucun document à télécharger dans cette rubrique
Galerie d'images
Aucune galerie associée à cette rubrique